Compte-rendu de la 71e Semaine d’études liturgiques Saint-Serge (1er-4 juillet 2025)

La 71e Semaine d’Études liturgiques s’est déroulée dans les locaux de l’Institut Saint-Serge du 1er au 4 juillet 2025 sur le thème :

La liturgie dans la cité : d’un corps social au corps ecclésial.

La rencontre s’est composée de 26 exposés, la plupart en langue française et 3 en anglais, dont 4 en distanciel. Beaucoup d’orateurs étaient originaires de France, mais quelques-uns d’autres pays : Belgique, Brésil, Canada, Inde, Italie, Pologne, Roumanie et Russie. On a compté chaque jour une trentaine de participants sur place, et quelque cinq personnes connectées à distance, intervenants ou participants.

En ouverture du colloque, le professeur Michel Stavrou, Doyen de l’Institut organisateur, a offert une allocution, à la fois pour introduire aux travaux et marquer le jubilé du 1700e anniversaire du Concile œcuménique de Nicée (325). Le Doyen a insisté sur le sens de la décision liturgique du Concile concernant la date de Pâques : la formule choisie pour déterminer la date de la Fête des fêtes, loin d’être arbitraire, repose sur des critères astronomiques et calendaires de haute portée symbolico-cosmique pour souligner que la mort-résurrection du Christ inaugure une recréation de l’univers.

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Puis le programme du colloque s’est articulé en quatre axes de réflexion successifs :

-exposés introductifs présentant la problématique des corps sociaux et la relation complexe entre Église et société ;

-les prières liturgiques pour les autorités civiles ou pour une victoire, avec une attention particulière au risque d’une réduction à des intérêts séculiers ;

-les célébrations en situations d’épreuve ou de crise, à partir de divers cas concrets, avec distinction entre un risque permanent d’instrumentalisation de la liturgie et une prière authentique pour la paix ;

-quelle liturgie dans nos Églises confrontées à la post-modernité libérale ? Ces derniers parcours ont montré l’urgence de bien comprendre les formules employées, de manière à pouvoir les actualiser chaque fois que nécessaire.

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Le 1er jour après fin de la séance de l’après-midi, les participants se sont rassemblés dans l’église Saint-Serge pour les Vêpres. L’office a été suivi par un vin d’honneur. Par-delà la joie des retrouvailles, ce fut l’occasion de faire le point sur les volumes parus des Actes des précédents colloques (dernier sorti : colloque de 2021, et 2 volumes suivants, sous presse), ainsi que sur les modalités de leur acquisition, jugée difficile en raison du manque de diffusion en France. Le plus simple est de les commander sur le site de la maison d’édition Aschendorff, située à Münster en Westphalie (<www.aschendorff-buchverlag.de> et rechercher « SEtL »).

L’après-midi du 2e jour du colloque, les participants ont visité l’église Saint-Serge et constaté l’originalité de ce lieu de culte, aménagé voici un siècle par une communauté d’orthodoxes exilés de Russie. La spécificité du lieu fut d’associer à l’ouverture d’une paroisse la création d’un institut de théologie, tous deux placés sous la protection de saint Serge de Radonège, abbé ayant fondé au XIVe siècle en Russie un monastère devenu vite important. Au fil du siècle écoulé, ce lieu s’est peu à peu adapté pour assumer une vocation multiethnique, interdiocésaine et œcuménique, portée par une authentique recherche de Dieu, à travers la prière autant que la réflexion théologique. Les Semaines liturgiques annuelles illustrent notamment cette réalité.

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Bon nombre des exposés et des échanges lors de ce 71e colloque ont souligné deux sortes de risques d’instrumentalisation de la liturgie : formules liturgiques composées ou utilisées pour servir un intérêt différent de la vocation de l’Église comme lieu d’anticipation du Royaume à venir, et d’autre part, ingérence dans la liturgie de la part de de la hiérarchie ecclésiastique elle-même, avec risque aussi de perte de sa vocation première. Un autre point fort a été l’analyse des prières pour la victoire : victoire de qui et sur qui, par exemple lorsque deux États peuplés de chrétiens se trouvent en conflit ? Il convient de rappeler que selon l’apôtre Paul, le combat du chrétien est mené non contre des ennemis visibles, mais contre des puissances adverses se tenant « dans les lieux célestes » (Eph 6,12).

Le souhait des organisateurs est que les débats sur ces questions, auxquelles un modeste colloque ne saurait apporter une solution, aient amorcé la prise de conscience d’une nécessaire analyse en vue d’une révision ou actualisation  de plusieurs formules de prières liturgiques. Sans que leur enjeu ne soit toujours bien compris, ces formules sont d’un usage courant dans les diverses communautés chrétiennes. Voilà qui motive l’importance, voire l’urgence de leur étude.

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Cette année, le sondage sur les thèmes des futures SEtL a révélé plusieurs centres d’intérêts gardés en réserve pour une prochaine année. Mais à partir de l’un des projets proposés, les organisateurs ont souhaité promouvoir une réflexion sur un sujet jugé par eux d’actualité, ainsi formulé et argumenté :

 

Pour une écologie liturgique.

Face à une réduction fréquente des questions écologiques à des débats idéologiques, où la préservation de la planète serait subordonnée à des causes plus politiciennes ou identitaires, on se propose d’examiner en 2026 ce que les traditions chrétiennes liturgiques annoncent sur le monde créé, sachant que le Mystère du salut ne doit pas être compris comme visant uniquement l’être humain, au détriment du monde qui l’entoure. Mais le monde, fait de matière, est appelé lui aussi à la transfiguration, ce dont un grand nombre de formules se font les témoins dans la plupart, sinon toutes les familles liturgiques.

 

NB : contrairement aux dates annoncées sur le programme de ce 71e colloque liturgique, la rencontre de l’an prochain, 72e de la série, aura lieu du lundi 29 juin après-midi au jeudi 2 juillet 2026.

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Depuis 1953, excepté en 1956 et en 2020, les Semaines d’Études liturgiques sont organisées chaque année à l’Institut Saint-Serge. L’objectif de ces rencontres à caractère œcuménique et académique est une découverte des diverses traditions liturgiques, essentiellement par l’étude comparative de textes et d’usages, pour déceler au-delà des différences et par-delà des pratiques diverses, de possibles points de convergence doctrinale.

Concernant la 71e rencontre qui vient de s’achever, ainsi que celle prévue en 2026, dont le programme est en cours d’élaboration, toute question ou remarque sera la bienvenue à l’adresse semlit.stserge@yahoo.fr.

 

Merci pour votre confiance,

Les organisateurs des Semaines liturgiques Saint-Serge.