Retour sur la rentrée 2021 de l’Institut Saint-Serge
La rentrée 2021 de l’Institut de Théologie Orthodoxe (ITO) Saint-Serge a été scandée par trois temps forts : 1) l’Université de rentrée, les 16-17 septembre (voir compte rendu précédent), 2) la journée de rentrée académique, samedi 25 septembre, et 3) la séance solennelle de l’Institut, dimanche 3 octobre.
Le samedi 25 septembre, fête de saint Serge de Radonège, s’est déroulée la journée de rentrée académique de l’Institut. Après la Divine Liturgie présidée par le Doyen émérite, p. Nicolas Cernokrak, le chancelier de l’Institut, le métropolite Jean de Doubna, a rejoint, pour la présider, la séance de remise des diplômes qui était animée par le Doyen, prof. Dr HDR Michel Stavrou. Le diplôme de Bachelor en théologie orthodoxe a été décerné à M. Alexandre Bolshedvorov, ancien étudiant du cycle des Études Théologiques à Distance. Seuls quelques-uns des 25 étudiants ayant terminé avec succès le cycle des Fondamentaux de l’Orthodoxie étaient venus recevoir leur certificat. Une trentaine de participants assistaient sur place à cette réunion, et autant la suivaient en distanciel par vidéoconférence.
Le dimanche 3 octobre à 15h a eu lieu la séance solennelle de l’Institut, présidée par Mgr Élisée de Réoutov, représentant du chancelier, le métropolite Jean de Doubna, lui-même retenu à la cathédrale Saint-Alexandre-de-la-Néva par une Assemblée générale.
Le bilan de l’année universitaire 2020-2021 a été présenté par le Doyen, Prof. Dr HDR Michel Stavrou, qui a en particulier remercié pour son dévouement le père Nicolas Cernokrak, partant à la retraite après 11 ans de décanat et 40 ans d’enseignement à l’Institut Saint-Serge, élu Doyen émérite pour 3 ans par le Conseil des enseignants. Le Doyen a souligné que l’année 2020-2021 avait été une année féconde : au total, 218 étudiants (contre 150 l’année précédente, soit +45%) suivaient des cours dispensés par l’ITO : 118 par des cours en ligne et 100 par correspondance (en français ou en russe). Pour la deuxième année consécutive, les cursus académiques étaient dispensés en distanciel parplateforme numérique. Il y a eu 3 nouveaux diplômés en Bachelor, deux diplômés de ThM (niveau Master), et deux diplômés de PhD (niveau doctoral), Grégoire Kublashvili et Philippe Calington (voir comptes rendus précédents).
Le Doyen a rappelé le décès de quatre anciens enseignants à l’ITO : le p. Boris Bobrinskoy, le 7 août 2020 à l’âge de 95 ans, ancien doyen et prof. de théologie dogmatique pendant 50 ans ; le p. André Fyrillas, le 25 octobre 2020 à l’âge de 90 ans, ancien professeur de patrologie ; Mgr Amphiloque Radovic, le 30 octobre 2020 à l’âge de 82 ans, ancien enseignant invité en théologie ascétique en 1974 ; enfin Mgr Athanase Jevtic le 4 mars 2021 à l’âge de 81 ans, ancien enseignant invité en théologie ascétique de 1969 à 1972.
En juin 2021, suite au départ à la retraite du p. Nicolas Cernokrak, le prof. Dr HDR Michel Stavrou a été élu doyen de l’ITO pour trois ans. En outre, deux nouvelles enseignantes ont été élues : Mme Sandrine Caneri, laïque orthodoxe, docteure en théologie de l’Institut catholique de Toulouse, enseignant déjà l’exégèse patristique à l’ITO, a été élue enseignante invitée de Nouveau Testament. Mme Georgiana Huian, laïque orthodoxe, docteure en philosophie de l’Université Paris-4 Sorbonne et docteure en théologie orthodoxe de notre Institut, a été élue professeure invitée en théologie ascétique ; elle enseigne également à la Faculté de théologie catholique-chrétienne de l’université de Berne.
En cette rentrée 2021, 230 étudiants sont actuellement inscrits à l’un ou l’autre des cursus ou des cours de l’ITO.
Le discours académique a été prononcé par le Dr Oleg Kobtzeff, professeur invité en Histoire de l’Église russe, sur le thème : « Apologie pour la théologie, un métier d’historien ». Dans sa communication, M. Kobtzeff s’est demandé si l‘Histoire en tant que science sociale n’est qu’une discipline auxiliaire de la théologie ou bien si l’on peut, en paraphrasent Evagre le Pontique, affirmer que celui qui est historien est théologien. Depuis les années 1920 en France, a-t-il rappelé, la recherche historique (l’école des Annales, plus tard la « Nouvelle Histoire » – Lucien Febvre, Jacques Legoff, Georges Duby, Jean Delumeau, etc. et surtout Pierre Chaunu, historien et théologien – en mariant enquête sur le passé, sociologie, géographie, psychologie sociale, économie et d’autres disciplines, nous a libérés de « l’histoire événementielle », ouvrant, parfois involontairement, de vastes perspectives nouvelles sur l’histoire de l’Église, à savoir la profondeur de la foi desmasses de croyants, la richesse de la religion populaire et de sa créativité. En Russie, la grave crise identitaire du début du xixe siècle, mais aussi le besoin de comprendre la culture de nombreuses populations récemment baptisées en terres de mission afin de les gouverner, a créé un besoin urgent d’études historiques et ethnographiques. Celles-ci ont rapporté, entre 1820 et 1900, d’étonnants trésors de connaissances sur les cultures de l’Empire où une orthodoxie profonde et riche occupait une place centrale. Plusieurs historiens comme Klûčevskij ou Antoine Kartachev ont ainsi eu un rôleessentiel dans le retour, vers l’Église, d’une partie de l’intelligentsia déchristianisée et dans l’ecclésialisationde leur regard sur le monde. On compte d’autres cas de conversion d’historiens au christianisme et à l’orthodoxie en particulier, dans leur pratique de la recherche en histoire. Malgré les risques de dérives, la capacité d’écrire l’Histoire doit être, comme tout talent, considéré comme un don de Dieu, don qui permet de découvrir l’Histoire comme cheminement vers le jour du Jugement et comme voie vers le Salut.
Une vingtaine de participants assistaient sur place à la séance et une trentaine la suivaient en distanciel par vidéoconférence.