Message de Pâques du doyen de l’Institut Saint-Serge

Chers étudiants, chers amis de l’Institut,

Cette année encore, alors que nous entrons dans la Grande et Sainte Semaine de la Passion du Christ, des guerres cruelles se poursuivent dans le monde, tuant ou mutilant des innocents, notamment en Ukraine et au Proche-Orient, sans la moindre « trêve de Dieu », tandis que les désordres climatiques dus aux activités humaines continuent de s’étendre sur la Terre, laissant une humanité partagée entre angoisse, anxiété et totale indifférence.

Nous sommes pourtant invités à « déposer les soucis de cette vie » et du monde, et à rendre grâce dans la joie pour l’événement central de l’Histoire que nous revivons et célébrons en Église : la Passion vivifiante et la mort-résurrection du Christ.

Cette année, le 1700e anniversaire du premier concile œcuménique de Nicée (325), que nous célébrons, nous le rappelle : Jésus-Christ n’est pas un simple être humain : Fils éternel de Dieu, reconnu par l’Église comme « consubstantiel au Père », c’est-à-dire un seul être avec Lui, Il est venu partager notre humanité fragile pour affronter victorieusement le mal et la mort et nous ouvrir l’accès à son Royaume trinitaire.

Assumant toutes nos angoisses au jardin de Gethsémani et nos souffrances sur la Croix, Jésus est descendu aux enfers où par la mort Il a vaincu la mort. Ainsi, à travers le mystère silencieux, grave et joyeux de la Résurrection du troisième jour, le Seigneur a voulu aussi demeurer mystérieusement présent jusqu’au Dernier Jour (Mt 28,20), Lui qui s’est fait la tête d’un Corps ecclésial dont tous les hommes sont appelés à devenir membres dans l’Esprit. Comme l’écrit saint Maxime le Confesseur, dont nous relisons cette année le commentaire du Notre-Père, le Seigneur « s’est fait mendiant à cause de sa sollicitude envers nous, […] souffrant mystiquement par sa tendresse jusqu’à la fin des temps, à la mesure de la souffrance de chacun ».

Le Grand Jeudi, le Grand-Prêtre Jésus s’est fait le Serviteur de tous, s’offrant à nous en nourriture céleste. Commentant la parole : « Je ne boirai désormais plus de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où j’en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père » (Mt 26,29), saint Dumitru (Staniloaë) explique : « S’approchant du Père devant l’autel et offrant son sacrifice pour nous, le Christ ne boit pas le vin de la joie, car Il souffre jusqu’à présent de l’amertume de nos péchés […]. Le Christ ne sera dans la joie parfaite que lorsque tout son corps le sera. »

Ainsi l’eschatologie inaugurée par Celui qui, « assis à la droite du Père, revient juger les vivants et les morts » signifie tout sauf un désintérêt pour le monde. Face au mal toujours à l’œuvre, le Christ ressuscité poursuit dans l’Esprit Saint son œuvre secrète de sanctification et demeure invisiblement présent du côté des « plus petits de ses frères » (Mt 25,40), c’est-à-dire des humbles, des souffrants, des damnés de la Terre.

L’année 2025 est aussi pour nous une année jubilaire : il y a un siècle exactement était fondé à Paris par quelques théologiens orthodoxes russes chassés de leur patrie l’Institut Saint-Serge. Son but : former des laïcs et des clercs au service de l’Église orthodoxe, mais aussi dialoguer fraternellement avec les chrétiens des autres traditions et témoigner du Christ ressuscité auprès du monde. En approfondissant la Tradition des Apôtres, des Pères et des conciles, soyons attentifs à demeurer fidèles à notre vocation collective : être des témoins joyeux et infatigables de Celui qui est, qui était et qui vient, donateur de la Vie éternelle.

Chers étudiants, chers amis, le Christ est ressuscité !

Michel Stavrou

Doyen de l’ITO Saint-Serge