Compte-rendu de la 70e Semaine d’études liturgiques (2-4 juillet 2024)

La 70ème Semaine d’Études liturgiques s’est déroulée dans les locaux de l’Institut Saint Serge du 2 au 4 juillet 2023, avec pour thème :

Prières eucharistiques : reflets multiples de l’unique Mystère (II)

La rencontre a totalisé 19 exposés, dont 14 sur place et 5 en distanciel, la majorité en français, un en anglais et un en russe, avec traductions. Le programme était annoncé avec une durée de 4 jours, mais a dû être abrégé au dernier moment en raison de désistements d’intervenants, pour des motifs de force majeure. La plupart des orateurs étaient originaires de France, mais aussi du Canada, d’Israël, d’Italie, des Pays-Bas, de Roumanie et de Russie.

Les travaux ont commencé par un mot d’accueil et d’ouverture du Doyen de l’Institut. Après avoir transmis aux participants les encouragements de Mgr Jean, chancelier de l’ITO, empêché de venir pour raison de santé, M. Michel Stavrou a rappelé que cette année marque le 100e anniversaire de l’acquisition de la Colline Saint-Serge, survenue le 18 juillet 1924 sous l’égide de Mgr Euloge, archevêque diocésain de l’époque. Le projet était de fonder en ce lieu une communauté paroissiale et un centre de formation et de recherches théologiques. L’année suivante a été ouvert l’ITO, placé sous la protection de saint Serge (14e s.), abbé de Radonège en Russie, grande figure spirituelle et théologique dont le rayonnement a inspiré les travaux de nombreux chercheurs formés en ce lieu. Parmi eux figurent des liturgistes et fondateurs des SEmL en 1953. Le Doyen a mentionné en particulier le p. Nicolas Afanassiev, qui fut l’un des observateurs orthodoxes au Concile de Vatican II, et à qui l’on doit d’importants travaux sur la relation étroite entre l’Eucharistie et l’Église. De cette relation, les Prières eucharistiques, objet d’étude de ce 70e colloque, sont des témoins privilégiés.

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Le programme de cette Semaine liturgique s’est articulé en cinq axes de réflexion, successivement : exposés introductifs, structure puis éléments constituants des Prières eucharistiques, quelques traditions locales, puis des questions d’actualité, incluant des aspects méthodologiques et ecclésiologiques. Ces différents exposés font suite à la Semaine tenue en 2023 sur le même thème, avec une répartition sur 2 ans en raison du grand nombre de contributions proposées et retenues.

Les deux exposés introductifs ont permis une entrée en matière, pour insister en particulier sur certains aspects de la tradition des anaphores basiliennes ; on y rattache en particulier la Prière eucharistique numérotée IV dans la tradition romaine actuelle. Les exposés suivants, dans le 2e axe consacré à la structure des anaphores, ont insisté, à partir d’exemples concrets, sur les influences possibles entre plusieurs traditions liturgiques, aucune d’elles n’ayant fonctionné de manière autonome.

Plusieurs éléments constitutifs, faisant partie des Prières eucharistiques, ont été l’objet des exposés regroupés dans le 3eaxe ; y ont été examinés successivement : des chants occidentaux demandant l’envoi de l’Esprit Saint, avec une dimension épiclétique, l’arrière-fond judaïque des paroles dites consécratoires, la relation entre offertoire et réception par Dieu du sacrifice offert, le sacrifice de louange décrit dans le Lévitique, livre biblique, un sacrifice analysé par Origène comme préfigurant la célébration eucharistique chrétienne, les différents éléments entrant dans la composition d’une épiclèse, et les diverses mentions des saints par catégories dans les intercessions des Prières eucharistiques.

La suite des exposés a présenté plusieurs traditions locales : celle de l’Église d’Angleterre, dans deux exposés, les Prières récentes propres à la tradition francophone protestante unie, puis des aspects particuliers de la tradition orthodoxe, tels que vécus respectivement en Russie et Roumanie.

Enfin, parmi les questions d’actualité regroupées dans le dernier axe proposé cette année, un exposé de méthodologie a insisté sur la relation entre théologie et sciences humaines, pour montrer l’importance de ces dernières dans l’approche du Mystère unique du salut, puis les deux dernières communications ont souligné le caractère performatif d’une célébration eucharistique, vécue comme une manifestation de l’Église, ainsi que l’importance, dans cette perspective, de ne pas séparer le clergé des fidèles, ces deux catégories constituant l’unique assemblée célébrante.

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Le 1er jour de la rencontre s’est achevé, après le dernier exposé, par la célébration des Vêpres en l’église Saint-Serge, expression de communion dans la prière liturgique, au-delà des seuls échanges de paroles et d’idées.

L’office a été suivi d’une collation au réfectoire, moment de convivialité favorisée par le partage d’un breuvage pétillant. Cette rencontre amicale a prolongé la prise de contact proposée en fin de matinée pour faire connaissance.

Cette soirée a aussi été l’occasion d’honorer le père Marcel Metzger, auteur de parutions documentées sur l’histoire ancienne du culte chrétien, reprises tout récemment dans un ouvrage plus général intitulé La liturgie dans l’Histoire. De la dernière Cène au concile Vatican II (Desclée de Brouwer, 2024)

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L’après-midi du 2e jour, les participants ont traversé Paris pour visiter l’église Saint-François de Molitor. L’architecture particulière de ce lieu de culte, aménagé récemment, a été présentée avec compétence par l’équipe paroissiale locale. Le lieu est caractérisé par une nef ovale en forme de mandorle, avec l’autel au centre, visible de tous les participants. Il s’agit d’une disposition topographique originale, voulant exprimer une théologie de communion entre les membres de l’assemblée.

Après le dernier exposé, le colloque s’est achevé par un riche débat d’évaluation, reprenant quelques idées exprimées dans les exposés et les échanges. On ne saurait trop insister sur le lien entre Eucharistie et unité de l’Église, ne permettant pas une fragmentation des éléments constitutifs d’une Prière eucharistique, ni une dissociation de catégories de personnes au sein d’une assemblée, réunie pour glorifier d’un même cœur le Dieu Trinité.

Le choix des thèmes des futures SemLit fait chaque année l’objet d’un sondage où sont proposées diverses possibilités, examinées ces jours-ci par les organisateurs. Le colloque de cette année s’est clôturé par l’annonce du futur thème retenu pour la 71e des Semaines liturgiques, prévue à Saint-Serge du 1er au 4 juillet 2025, et qui sera :

Liturgie et politique,

avec une attention particulière au 1700e anniversaire du Concile de Nicée I, réuni à la demande d’un empereur, et où ont été aussi adoptées des règles concernant la vie liturgique.

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Depuis 1953, sauf une interruption en 1956, et une en 2020 en raison de la pandémie, les Semaines d’Études liturgiques sont organisées chaque année à l’Institut Saint-Serge. L’objectif de ces rencontres à caractère œcuménique et académique est une découverte réciproque des diverses traditions liturgiques, essentiellement par l’étude comparative de textes et d’usages, pour déceler au-delà des différences et par-delà des pratiques diverses, de possibles points de convergence doctrinale.

Concernant cette 70e rencontre qui vient de s’achever, ainsi que celle prévue en 2025, dont le programme est en cours d’élaboration, toute remarque sera la bienvenue à cette adresse : semlit.stserge@yahoo.fr. 

Les organisateurs des Semaines liturgiques Saint-Serge.